Heart of darkness

Auteurs : Catherine Anyango (illustration) et David Zayne Mairowitz (adaptation), d’après une nouvelle de Jospeh Conrad heartofdarkness.jpg
Genres : Comics ; Roman graphique
Éditeur : SelfMadeHero
Année de première parution : 2010
Nombre de pages : 128 p. environ

Je suis désolée, le résumé et les extraits seront ici en anglais. Je pourrais les traduire si ça intéresse quelqu’un, mais je ne pense pas le faire systématiquement, j’ai un peu perdu la main.

Ce qu’en dit l’éditeur : 

Sees colonial trader, Marlow, recount his journey into the heart of Africa and his discovery of Kurtz, a company manager rumoured to have gone mad. As the details of Kurtz’s dealings with the natives and his state of mind unfold, the lines between perception and interpretation of madness begin to blur. Continuing SelfMadeHero’s acclaimed Eye Classics series, Heart of Darkness is revived for a new generation in a format perfect for the graphic novel genre.

Mon avis :

Quand on feuillette ce roman graphique, c’est très sombre (seyant pour un livre appelé Au cœur des ténèbres, non?). Ça me fait penser à du fusain, les pages ont un aspect très organique. On s’attendrait presque à avoir les doigts tâchés en tournant les pages. La précision du dessin est variable selon les pages, mais globalement j’ai beaucoup aimé. Il y a de très belles planches, avec des portraits photoréalistes et des zones floutées/estompées. J’aime le découpage parfois audacieux des cases et le montage très cinématographique. Le graphisme est donc très chouette, et tout à fait adapté à l’histoire.

Je ne sais pas à quel point le texte de Conrad a été adapté par David Zayne Mairowitz, mais j’ai trouvé certains passages forts, notamment les réflexions du narrateur. Morceaux choisis (en anglais, sorry !) :

« Going up the Congo was like travelling back to the earliest beginnings of the world, when vegetation rioted on the earth and the big trees were kings. An empty stream, a great silence, an impenetrable forest … » « … And this stillness of life did not in the least resemble a peace. It was the stillness of an implacable force brooding over an inscrutable intention. It looked at you with a vengeful aspect. »

« Trees, trees, millions of trees, massive, immense, running up high. We penetrated deeper and deeper into the heart of darkness. We were cut off from the comprehension of our surroundings…. Because we were travelling in the night of first ages ».

 

Heart of darkness, c’est l’histoire d’un employé d’une société marchande qui va remonter le fleuve Congo pour faire la connaissance d’un marchand d’ivoire aussi productif qu’imprévisible. Il va rencontrer une nature sauvage et menaçante, des autochtones tantôt soumis tantôt aggressifs, et un vendeur qui ne recule devant rien pour assouvir ses ambitions. La peur, la folie et la violence vont gagner en intensité au fil des pages.

J’ai bien aimé les réflexions du narrateur sur la nature, aussi effrayante que grandiose, nature qui remet l’homme à sa place. Au vu de mes ressentis sur mes dernières lectures, je crois qu’il me faut du nature writing en ce moment !

Le texte d’origine a été écrit en 1899, et les pensées comme les actes du narrateur concernant les Africains puent clairement le colonialisme et l’impérialisme. Il les appelle « nègres », « cannibales », se fait porter dans la jungle par des hommes dont il voit saillir toutes les côtes. Il leur est reconnaissant pour leur dévotion, et se fait même la réflexion qu’ils ont peut-être quelque chose d’humain. C’est dire l’image initiale qu’il avait d’eux ! Quand l’un d’eux meurt, il pense :

« I missed my late helmsman awfully…
…What, regret for a savage who was no more account than a grain of sand in a black Sahara?
He had done something, steered the boat, he was an instrument…
… It was a kind of partnership.
If he’s to be eaten, let the fishes have him. »

Ce sont des pensées, des réflexions à remettre dans leur contexte évidemment. Mais un tel mépris pour la vie d’hommes non blancs reste sidérant.

En bref, c’était une bonne lecture, avec un texte, une narration graphique et un trait soignés. Je suis contente d’avoir pu découvrir le célèbre texte de Conrad avec ce roman graphique, parce que je ne suis pas sûre que j’aurais voulu lire la nouvelle.


3 réflexions sur “Heart of darkness

  1. Coucou !! (je suis déjà de retour xD)
    Le premier passage que tu cites, par exemple, je le trouve aussi raciste : Marlow parle quand même du début des âges, ce qui veut dire que les hommes qui vivent au Congo sont primitifs pour lui. Sa fameuse nuit, ce sont les ténèbres de l’absence de civilisation, civilisation apportée par les Européens. Il dit plus tard aussi qu’ils n’ont pas de culture. Tellement agaçant … (et paradoxalement, peut-être pour atténuer ses propos, il parle des indigènes en disant qu’ils ne sont pas des criminels, et que la violence des colons le met mal à l’aise)
    Pour le grain de sable dans le Sahara, je ne pense pas que ce soit tout à fait raciste ; après tout, les « Blancs » aussi sont des grains de sable, insignifiants face à la grandeur de la nature *partie loin*.
    C’est vrai qu’il pouvait y avoir des choses intéressantes dans ce livre, mais impossible de m’y attarder tant j’étais d’abord gênée, puis agacée par ma lecture !
    Je te souhaite de bonnes lectures à venir !! :*

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  2. Coucou !! (je suis déjà de retour xD)
    Le premier passage que tu cites, par exemple, je le trouve aussi raciste : Marlow parle quand même du début des âges, ce qui veut dire que les hommes qui vivent au Congo sont primitifs pour lui. Sa fameuse nuit, ce sont les ténèbres de l’absence de civilisation, civilisation apportée par les Européens. Il dit plus tard aussi qu’ils n’ont pas de culture. Tellement agaçant … (et paradoxalement, peut-être pour atténuer ses propos, il parle des indigènes en disant qu’ils ne sont pas des criminels, et que la violence des colons le met mal à l’aise)
    Pour le grain de sable dans le Sahara, je ne pense pas que ce soit tout à fait raciste ; après tout, les « Blancs » aussi sont des grains de sable, insignifiants face à la grandeur de la nature *partie loin*.
    C’est vrai qu’il pouvait y avoir des choses intéressantes dans ce livre, mais impossible de m’y attarder tant j’étais d’abord gênée, puis agacée par ma lecture !
    Je te souhaite de bonnes lectures à venir !! :*

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    1. Coucou !
      Je n’ai pas perçu ce passage comme toi. Pour moi ça fait écho à des expériences loin de les traces de la présence des hommes, expériences que l’on peut aussi faire en Europe (comme quand je randonnais en Irlande sur des montagnes sans chemins, comme partout où tu peux te sentir seul(e) face à la nature…
      En tout cas ton avis ne m’a pas donné plus envie de lire la nouvelle d’origine 😉
      Merci !

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